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Stéphane Tiki : la Francophonie vectrice de coopération économique entre la France et l'Afrique


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Bonjour Stéphane, merci de nous accorder cet entretien. Pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a motivé à vous engager dans la coopération économique entre la France et l'Afrique ?


Mon engagement entre la France et l'Afrique est né d'une passion profonde pour ces deux régions que j'aime. J'ai souhaité utiliser mon réseau et mon expertise pour faciliter les échanges économiques entre ces territoires. En rencontrant des acteurs européens et africains, j'ai identifié un besoin réel de créer des ponts entre ces acteurs. Cela m'a motivé à favoriser à la fois les échanges Nord-Sud et Sud-Sud, comme par exemple l'implantation d'entreprises francophones en Afrique et entre pays africains. Mon objectif est de promouvoir la langue française et de renforcer les liens économiques et culturels, célébrant ainsi notre patrimoine francophone commun. 


Quel rôle joue la Francophonie dans cette coopération économique, selon vous ?


Effectivement, la francophonie joue un rôle central dans nos efforts de coopération internationale, agissant comme un moteur unificateur pour les 88 pays qui partagent cette langue. À l'approche du XXe sommet de la Francophonie, je perçois plusieurs enjeux clés pour notre communauté sur la scène mondiale. Premièrement, la culture doit être une priorité. Elle est essentielle non seulement pour comprendre nos origines mais aussi pour forger nos aspirations futures. Elle unit là où d'autres sujets peuvent diviser. En valorisant notre héritage culturel commun, nous pouvons renforcer notre cohésion et notre identité collective. Sur le plan commercial, le Groupement du Patronat Francophone (GPF) joue un rôle crucial. Ce réseau mondial de 20 millions d'entreprises, principalement des TPE et PME, est essentiel pour harmoniser l'offre et la demande à travers des échanges Nord-Sud et Sud-Sud. Ce réseau est une plateforme pour une approche gagnant-gagnant dans les affaires, favorisant non seulement le commerce mais aussi le développement durable à travers l'emploi local, la formation de la main-d'œuvre et l'amélioration des conditions de vie grâce aux salaires versés. L'aspect développement est également crucial. En développant économiquement les pays francophones, nous pouvons investir davantage dans des infrastructures culturelles comme les stades, les théâtres, et les cinémas. Cela renforce notre tissu social et économique. Je suis convaincu que la culture, le commerce et la langue doivent converger pour créer un cercle vertueux de développement et d'échange. Le Sommet de la Francophonie, qui aura lieu à Paris, offre une opportunité unique de réaffirmer ces liens et de discuter de nos visions communes pour l'avenir, surtout quand on considère l'Afrique comme le continent du présent et de l'avenir.


Quels sont, selon vous, les principaux catalyseurs du développement économique en Afrique ?


Pour identifier les catalyseurs du développement en Afrique, il est primordial de commencer par la mentalité avec laquelle les acteurs économiques s'engagent sur le continent. Je souligne toujours l'importance de la collaboration avec les acteurs locaux — partenaires, chambres de commerce, et décideurs politiques — plutôt que d'adopter une approche unilatérale. Nous prônons une démarche humble, visant à apporter une valeur ajoutée et à collaborer étroitement pour le développement des nations africaines. En matière de catalyseurs de développement, il est crucial de reconnaître que le continent n'est pas uniforme. Les conditions économiques et les besoins varient significativement d’un pays à l’autre, nécessitant une analyse précise et adaptée à chaque marché. Une intelligence économique locale est indispensable pour comprendre ces variations et pour adapter nos initiatives de manière efficace. Le dialogue avec les talents locaux, souvent sous-estimés mais extrêmement compétents et bien informés des réalités du continent, est essentiel. Il s'agit de former des alliances stratégiques qui exploitent les avantages de cette complémentarité, que ce soit pour une entreprise francophone désirant s'établir en Afrique ou pour une entreprise africaine cherchant à se développer ailleurs sur le continent. Quant aux activités clés générant des intérêts commerciaux significatifs, le continent offre un éventail de secteurs prometteurs. L'agriculture et l'agrobusiness restent prépondérants, complétés par des secteurs en rapide expansion tels que l'agrotech, la formation, le numérique, l'économie culturelle, et les énergies renouvelables. Ces domaines sont cruciaux pour bâtir une francophonie économique robuste et pour contribuer au développement économique global du continent.


La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) représente une opportunité majeure pour intensifier les échanges commerciaux en Afrique. Comment pensez-vous que cette initiative peut contribuer à promouvoir le commerce intra-africain ?


Les échanges commerciaux entre les pays d'Afrique subsaharienne et la France ayant atteint un pic en 2023, cela reflète un intérêt grandissant pour l'Afrique, considérée comme le continent du présent et de l'avenir. Ce dynamisme attire des acteurs internationaux variés, y compris de nouveaux venus tels que les Russes et les Italiens, en plus des partenaires historiques comme les Français, les Allemands, et les Libanais. La participation de l'Afrique à divers sommets internationaux démontre l'intérêt croissant pour les opportunités que le continent a à offrir. L'un des facteurs clés de cet essor commercial est la contribution de la diaspora, qui sert de lien économique crucial entre l'Europe et l'Afrique. Pour capitaliser sur les synergies offertes par la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) et promouvoir le commerce intracontinental, nous devons établir une confiance mutuelle et encourager les échanges entre pays africains. Mon ambition est de créer des ponts non seulement entre l'Afrique francophone et l'Afrique anglophone, mais aussi de promouvoir une intégration économique plus large au sein du continent. Pour ce faire, il est essentiel de valoriser et d'exploiter les talents locaux et les ressources disponibles, favorisant ainsi un marché diversifié où les acteurs africains peuvent choisir librement parmi les meilleurs projets pour leur développement. Je suis fier des montants échangés entre le Nord et le Sud, mais je le serai davantage lorsque nous verrons une augmentation des échanges Sud-Sud. Enfin, il est crucial de soutenir la transition des PME, qui représentent 80% de l'économie mais opèrent souvent dans l'informel, vers des structures plus formelles. Cela implique de les encadrer, de les protéger et de les former, pour non seulement améliorer leur situation économique, mais aussi enrichir la qualité de vie à travers le sport, la culture et les loisirs. La combinaison de l'économie, de la culture et de la politique est essentielle pour un développement durable et inclusif en Afrique.


Enfin, quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs européens qui souhaitent investir en Afrique, et aux entrepreneurs africains qui souhaitent s'implanter en Europe ?


Pour les entrepreneurs européens souhaitant explorer les opportunités en Afrique, je recommande de se concentrer sur les marchés émergents où la demande pour de nouveaux produits et services est forte. Nous accompagnons ces démarches au Groupement du patronat Francophone et à Chaba Consulting Group, en aidant à connecter l'offre et la demande et en soutenant les projets innovants. Pour les entrepreneurs africains visant à se développer en Europe, et en particulier en France, je souligne l'importance de bien comprendre le marché local. Bien que l'Afrique offre de vastes opportunités, l'Europe présente des avantages distincts en termes d'infrastructure et d'accès aux marchés financiers. En somme, que ce soit pour pénétrer le marché africain ou européen, l'excellence doit être au cœur de la stratégie. Adopter une approche où chaque défi est vu comme une opportunité de croissance est essentiel. Comme Nelson Mandela le disait, 'Je ne perds jamais, soit j'apprends, soit je gagne.' Cette mentalité, combinée à un engagement envers des objectifs clairs et un travail acharné, est fondamentale pour réussir sur ces marchés diversifiés.

 
 

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