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Penser les nouvelles façons d'habiter la ville

Dernière mise à jour : 7 mai


Senamé Koffi
Senamé Koffi

Relativement marginales, dans le grand sujet actuel de l’urbain, en faveur exclusive des capitales qui concentrent l'attention, le poids des villes dites "intermédiaires", n'y est pas pour autant négligeable. Elles sont même clé dans une dynamique qu'on peut considérer désormais de métropolisation générale. 


Elles avaient déjà un rôle crucial dans la structuration et la cohésion territoriale, occupant une position stratégique appelée à devenir essentielle dans les hiérarchies urbaines nationales et désormais panafricaines au regard de l’urbanisation inédite qu’expérimente le continent africain.


Quand la métropole, motrice dans l'économie moderne, répond aux défis de la mondialisation, la ville intermédiaire assure le rôle littéralement d'intermédiation qu'autorise sa localisation à proximité des grandes zones d'influence et une relation privilégiée aux bourgs et zones rurales environnantes. Cette position stratégique permet de remplir des fonctions telles que l’appui logistique, la distribution de biens et de services, ainsi que le réseautage, reliant efficacement les différentes échelles d’espaces.


Les tendances démographiques indiquent que, dans le cadre d'une tendance continentale globalement exceptionnelle, les agglomérations urbaines secondaires et intermédiaires (comptant généralement entre 50 000 et 500 000 habitants) connaissent la croissance la plus rapide. Selon les prévisions de l’AFD, 65 % de la population ghanéenne, par exemple, vivra en zone urbaine d'ici 2030, soit un gain de 10 points en seulement une vingtaine d'années, la population totale devant doubler à l'échéance 2040.


A cette échéance, à l'échelle du continent, les deux tiers des personnes qui s’installent en zone urbaine le feront dans les villes moyennes. La pression exercée est le partage des deux principales villes du pays et, en quelque sorte, spécifiquement, des centres urbains secondaires que sont Kumasi, Sekondi-Takoradi, Ho et Tamale. 


C’est là qu’émergent, singuliers, les enjeux d'anticipation et d‘organisation de la construction de nouveaux quartiers, de la prévention des congestions, des conditions d’occupation de terres agricoles, d’espaces naturels ou culturellement chargés, par de nouvelles zones urbanisées; avec des risques plus accrus de dégradation progressive des milieux et services.


Si l'impréparation du continent est générale avec à peu près les deux-tiers des infrastructures nécessaires à juguler la démographie aujourd'hui absentes; les villes d'importance moyenne pourraient ainsi se trouver singulièrement pénalisés du fait de l‘absence de moyens et d’une culture moins établie du dynamisme des services techniques.


Cependant, le défi d’expansion rapide représente aussi une opportunité de refonder l’urbanisme à partir de ces territoires. Ils incubent en effet des ressources de résistance au système d'intrication et de communication générale envisageant la cité comme l'espace homogénéisé et unifié idéal du marché. 


Ce potentiel depuis la ville internationale, d’un contrepoids conceptuel à la trajectoire occidentale de la ville, requiert l’attention pour la possibilité qui existe qu'à la faveur du destin urbain extraordinaire du continent, il balise un nouveau modèle dominant plus vertueux parce que distribué. Il demande plus que tout autre chose à être nourri d'abord d’utopies.


Ainsi de nouvelles façons d'habiter la ville grâce à une planification urbaine innovante faisant le pari de la Vernacularisation des Leviers (ndlr) et de la proximité pour offrir des solutions durables aux besoins des citoyens, notamment en matière d'accès à une voirie, à l'eau potable, aux services de santé, à la sécurité alimentaire, etc. 


Ou encore le Nouvel Humanisme du Réseau (ndlr) appliqué aux challenges de la connectivité numérique et à l’énergie… avec, par exemple, des initiatives en smart grid comme le projet d’électrification rurale par mini-réseaux solaires au Kenya qui illustrent comment les intermédiaires peuvent devenir des hubs d'innovation énergétique tout en renforçant l’accès à des services essentiels.


Les villes intermédiaires sont aussi les espaces où s'exercent plus facilement la responsabilité de chacun et depuis lesquels on peut s’autoriser à projeter des systèmes collectivistes et où peuvent s’exercer des logiques de gouvernance et de délibération plus ouvertes et inclusives. 


La responsabilité incombe d'abord aux maires en lien avec les sociétés civiles, les institutions collectives, les entreprises et associations de tendre vers de nouvelles modalités de prise de décision et de développement, à même de tirer tout le profit de la dynamique internationale et de l'innovation territoriale.


Il s‘agit pour eux de renouveler une culture municipale africaine relativement formolisée, en s’ouvrant aux opportunités et expérimentations partout dans le monde mais surtout en organisant la synergie avec le pouvoir jeune a la base et celui des femmes, le génie spécifique des lieux, la sagacité informelle, l’innovation diffuse, signaux faibles territoriaux auxquels il faut développer une attention fine aujourd'hui carrente.


En tout état de cause, il s'agit de prendre conscience de ce que, les villes intermédiaires africaines, dont beaucoup sont condamnées, à être rattrapées puis noyées au sein des quelques gigapoles en construction, ne sont plus seulement des points de passage dans le développement national, mais des forces clé dans la création d’un futur urbain global dont une économie de l'anticipation à un niveau panafricain serait coupable. 


Ce continent exagérément corseté par le fait colonial, doit ainsi dégager des lieux de la respiration dont la qualité résidera dans la capacité à faire converger les Afriques pour penser les futurs urbains souhaitables. Les Résidences JMA prototypent cette sorte de dispositif.


Sénamé Koffi Agbodjinou

Architecte et urbaniste, Parrain de la Résidence JMA 2024 

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