La mission d'Henddu : améliorer la qualité de l'air pour un futur durable en Afrique

Diplômé d’un doctorat dans le domaine de la terre et de l’enveloppe fluide, Soulemane Halif Ngagine s’est spécialisé dans la physico-chimie atmosphérique et la qualité de l’air dans le but de contribuer à l’amélioration de l’état des connaissances sur ces questions dans le monde et particulièrement en Afrique. A travers son entreprise Henddu, l’objectif de Soulemane est de contribuer à l’amélioration de la qualité de l’air pour un futur durable. Il défend ainsi la vision selon laquelle les changements climatiques doivent être perçus par tous comme une opportunité. Une opportunité de nous redéfinir, de nous réinventer, de nous reconstruire sur une base plus durable. Mais surtout, une opportunité d’équité, d’égalité pour tous.

1. Comment est née l’idée de créer votre entreprise Henddu dédiée à la préservation de la qualité de l’air en Afrique ?

L’histoire de la création de Henddu est directement liée à mon histoire. Tout d’abord, j’ai une expérience internationale. J’ai fait des études universitaires au Cameroun à la Faculté d’agronomie et des sciences agricoles avant d’obtenir une bourse pour étudier le génie de l’environnement en Turquie. J’ai eu d’autres expériences professionnelles au Japon, au Ghana et en France où je réside actuellement. Ces différentes expériences m’ont permis de percevoir comment était traitée la question de la pollution de l’air dans différents contextes suivant une approche institutionnelle mais aussi sur le plan des conséquences. Je constate donc que le problème de la pollution de l’air est la première cause de mortalité dans le monde avec 7000000 de morts tous les ans. Et si on regarde les villes africaines comme Dakar, Abidjan, Lomé ou encore Douala, on constate que depuis ces 10 dernières années, il y a une hausse de taux d’incidence des maladies et du nombre de morts directement ou indirectement liés à la pollution de l’air. C’est de là qu’est né Henddu, nom peulh dérivé d’une expression qui signifie ramener le vent, qui a comme ambition de ramener de l’air respirable à toutes les communautés. Notre mission est de simplifier et de rendre accessibles les informations de qualité de l’air pour permettre aux Etats,aux villes et aux entreprises de réduire leurs émissions et concentrations de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre.

2. Comment percevez-vous l'impact positif de la préservation de la qualité de l’air sur l’environnement et quels sont les défis que vous rencontrez en particulier dans le cadre de vos activités de surveillance de la qualité de l’air ?

La pollution de l’air a des conséquences qui se mesurent sur plusieurs domaines : économie, santé, tourisme, agriculture etc. Sur le plan touristique, améliorer la question de l’air rendrait une ville plus attractive. Sur le plan sanitaire, le décès prématuré d’une fillette d’origine ghanaenne à Londres, suite à une exposition aux oxydes d’azote provenant des transports a contribué à l’adoption de mesures plus strictes de contrôle de la qualité de l’air. Des pays comme l’Inde sont aujourd’hui à l’affût de sources d’énergie propre (gaz à la place du charbon) pour diminuer la pollution de l’air et ses conséquences sanitaires.

Le lien évident que je dresse entre santé et économie est que quelqu’un qui est malade engendre des coûts à l’Etat et à sa famille ; ce qui a une incidence directe sur l’économie. C’est un cycle vicieux avec des externalités négatives à plusieurs échelles.

Par conséquent, avec mon entreprise, nous offrons aux pouvoirs publics et aux entreprises les moyens de mesurer, d’analyser et de comprendre cette question de pollution de l’air et in fine agir pour pouvoir réduire ses conséquences désastreuses. Néanmoins, nous rencontrons plusieurs défis : problème de perception (les polluants de l’air sont invisibles) qui rend difficile la sensibilisation des autorités et citoyens autour du réel danger de la pollution de l’air, le manque de moyens et enfin la complexité de la question qui nécessite des compétences et des expertises précises.

3. Quelles sont les principales méthodes ou solutions que votre entreprise développe ou met en œuvre pour réduire la pollution de l’air ? En quoi ces mesures sont-elles un instrument d’aide à la décision ?

Comme je le disais précédemment, avec ses solutions, Henddu a pour mission de donner le pouvoir d’agir aux entités publiques privées. Pour les entités publiques, Henddu met en place des observatoires de qualité de l’air clé en main (HOQA). C’est une infrastructure qui permet de surveiller en temps réel la pollution de l’air dans une ville. Concrètement, dans les observatoires, on construit un module de prévision qui permet de prévoir l’état de la qualité de l’air dans une ville mais aussi de déceler les sources de pollution et de prendre des mesures en fonction. Ce module est un outil puissant d’aide à la décision pour les autorités publiques mais aussi offre un pouvoir d'action aux populations suivant les informations qui leur sont fournies. Pour les entreprises, nous proposons HESP, une Plateforme SaaS, qui leur permet d’estimer leur empreinte carbone et leur empreinte de pollution atmosphérique. Ce logiciel leur génère automatiquement des recommandations leur permettant de contrôler leurs activités et de réduire leur impact négatif sur l’environnement.

4. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaiteraient contribuer à la réduction de la pollution de l’air à petite échelle, au niveau de leur région, pour un impact considérable ?

Je recommande principalement aux jeunes d’être conscient de leur environnement notamment avec une meilleure gestion de leurs déchets. Parce qu’il faut avoir conscience que toute action en désaccord avec la protection de l’environnement aura des incidences directes ou indirectes sur nous. Également, les jeunes doivent s’éduquer afin de pouvoir porter la question auprès des décideurs publics pour que des actions soient prises pour agir au niveau des sources comme les transports et l’industrie et in fine protéger les populations des impacts de la pollution atmosphérique.