top of page

Feed Africa BCN, un modèle d’agroforesterie régénérative



Babacar CISSE est un jeune chercheur en biologie, spécialisé en génétique des populations. Il est aussi ingénieur en production animale et a été formé en agriculture. Après avoir visité tous les départements du Sénégal et constaté les difficultés rencontrées par les populations du milieu rural et la dégradation de l’environnement. Il se lance alors le défi d’apporter des solutions pour d’une part participer au développement des localités rurales du Sénégal et d’autre part de lutter contre les effets du réchauffement climatique. Il co-créa une entreprise dans le but d’avoir un réel impact social et environnemental au Sénégal et dans toute l’Afrique.


1. Pouvez-vous nous présenter brièvement Feed Africa BCN et son modèle d'agroforesterie régénérative ? 


Feed Africa BCN est une entreprise agricole qui évolue principalement dans l’agroforesterie. 

Notre modèle est basé sur la régénération des écosystèmes, la restauration des sols et la promotion de la biodiversité. Nous créons des systèmes agricoles durables et résilients qui bénéficient tant aux agriculteurs qu'à l'environnement. Cette approche globale met en lumière l'importance de restaurer et de maintenir l'équilibre écologique. Cela passe par l’utilisation d'espèces locales, rustiques et productives car déjà adaptées à leur milieu.


2. Parmi toutes les espèces locales africaines, qu’est-ce qui fonde cet intérêt pour le baobab ? Quelles sont ses spécificités ?


Le baobab est emblématique au Sénégal et en Afrique. Il est malheureusement menacé de disparition principalement à cause des actions anthropiques que sont la déforestation et la surexploitation de ses fruits qui conduit à un faible taux de régénération naturelle. La population de baobab est vieillissante et si aucune action n’est menée, nous risquons de la voir disparaître d’où l’urgence d’œuvrer pour sa préservation. C’est une espèce qui ne nécessite pas d’entretien particulier, pas d’engrais ni de pesticide. Ses besoins en eau peuvent être satisfaits par la pluviométrie. Il apparaît donc comme l’une des espèces les plus résilientes en Afrique pour faire face au réchauffement climatique.

Pour la sécurité alimentaire, la pulpe de baobab est considérée comme un superaliment de par ses qualités nutritionnelles. Son huile est très utilisée en cosmétique, son tourteau est riche en protéines pour l’alimentation animale, et ses feuilles sont très consommées par les populations humaines et animales.

Que demander de plus à un arbre ?  


3. Quels sont les impacts socio-environnementaux de ce modèle d’agroforesterie régénérative ?


Sur le plan environnemental, une ferme agroforestière régénératrice préserve la biodiversité, restaure les sols et les protège de l’érosion. Notre modèle s’avère très efficace car il valorise les espèces autochtones du Sénégal qui sont déjà adaptées à leur milieu. À terme, la biodiversité animale (insectes, oiseaux, chauves-souris, etc.) et végétale (champignons mycorhiziens, ligneux, herbacés, etc.) sera enrichie. Les espèces menacées (baobab, néré, etc.) seront préservées et valorisées. En créant un puits de carbone, notre modèle peut séquestrer plus de 5 tonnes de C02/an/ha participant ainsi à lutter contre le réchauffement climatique.

Sur le plan social, les cultures maraîchères permettront aux populations locales d’avoir des ressources alimentaires riches et diversifiées. La sécurité alimentaire pourra donc être garantie de même que le développement des localités rurales. Des emplois stables et décents seront créés pour les femmes et les jeunes afin de les maintenir dans leurs terroirs et mettre fin à l’exode rural ou l’immigration clandestine. 


L’agroforesterie participe à atteindre les ODD (Objectifs de Développement Durable) numéros 1, 2, 5, 8, 10, 12, 13 et 15 du développement durable.


4. Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de produits que vous produisez et transformez dans le cadre de votre activité ?


Parmi les produits que nous mettons sur le marché nous pouvons citer : les calices de bissap séchées (hibiscus sabdariffa), la pulpe et les graines de néré (parkia biglobosa), le gombo frais et séché, les feuilles de moringa séchées et la pastèque.

Nous produisons également des plants d’arbres fruitiers locaux comme le néré, le prunier noir (vitex doniana), le cerisier du cayor (aphania senegalensis) et surtout de baobab pouvant produire en seulement 3 à 4 ans contre 10 à 50 ans dans la nature.


5. Quels ont été les principaux défis que vous avez rencontrés en instaurant ce modèle agroécologique et durable ?


Le principal défi fut l’acquisition des terres. C’est en effet, assez difficile d’avoir accès au foncier au Sénégal. Dans un premier temps nous avons exploité les terres du domaine familiale. Par la suite nous avons pu acheter 1 ha pour poursuivre l’activité. C’est après plusieurs années de prospection et de négociation que nous avons pu acquérir une parcelle de 100 ha pour installer notre projet à grande échelle.

L’autre défi est d’ordre culturel. En effet, au Sénégal, le baobab est considéré comme un arbre sacré, mystique et même craint dans une certaine mesure. Il a parfois fallu ne pas mentionner le baobab dans notre projet pour convaincre les populations locales d’accepter son implantation. Il y a tout de même des populations qui ont agréablement accepté le projet, par curiosité certainement.

Le troisième défi fut le financement. D’abord lié au défi précédent, certains bailleurs nous ont considéré comme des “fous” de vouloir planter des baobabs. D’autres (les plus nombreux) n'abordent le projet que sur la rentabilité financière à court terme sans prendre en compte l’impact socioéconomique et la durabilité du projet. Certains ont cependant compris l’impact du projet, sa durabilité et sa rentabilité à moyen et long terme et sont prêts à nous accompagner.


6. Quels conseils donneriez-vous à d'autres entreprises ou initiatives cherchant à adopter des pratiques agroécologiques et durables, en particulier dans le contexte africain ?


De s’outiller de connaissance et surtout de se lancer malgré les critiques. Il est en effet très difficile de faire changer des pratiques ancrées chez des personnes depuis toujours. Mais la persévérance et la démonstration par le résultat est le meilleur moyen de faire adhérer les gens à sa cause. Il faut également se rapprocher des personnes ressources qui évoluent dans le même domaine et qui peuvent apporter leur soutien, connaissances et expériences.

Changemakers stories

La mission d'Henddu : améliorer la qualité de l'air pour un futur durable en Afrique

Diplômé d’un doctorat dans le domaine de la terre et de l’enveloppe fluide, Soulemane Halif Ngagine s’est spécialisé dans la...

Louis Bertrand : comment les Etats peuvent-ils faire de la biodiversité une priorité actuelle

Spécial COP 27 Qui est Louis Bertrand Diplômé de Sciences Po Lyon (comprenant une année d'échange à WITS University - Johannesburg) et de...

Rita Hadjioui : une alternative écoresponsable au cuir animal et au similicuir avec Behav

Qui est Rita HADJIOUI ? Je m’appelle Rita Hadjioui, j’ai 28 ans et je suis franco-marocaine. J’ai grandi à Casablanca au Maroc et je suis...

Iheb Triki : kumulus la solution au déficit de l'eau dans le monde

Entretien réalisé avec Hedi Dhaouadi, business developper chez Kumulus Qui est Iheb Triki, co-fondateur et CEO de Kumulus? Ancien...

Jeanne Rosy ESSO : un engagement pour la préservation de la biodiversité au Cameroun

Spécial COP 27 Qui est Jeanne Rosy ESSO Jeanne Rosy ESSO est consultante en Gestion Environnementale et Sociale, Responsable...

David Vaillant : un plaidoyer en faveur de la préservation de la biodiversité

Entretien avec David Vaillant sur la biodiversité à l'occasion de la COP 27 Qui est David Vaillant? David Vaillant a débuté son parcours...

Prêt(e) à rejoindre l’aventure ? 

Abonnez-vous à notre newsletter pour ne rien rater

Merci de vous être abonné !

bottom of page