Au sein de Je m’engage pour l’Afrique, nous portons une attention particulière la place progressive que le secteur privé (entreprises, startups, PME etc.) doit prendre dans le développement et le rayonnement du continent. C’est une tendance que nous observons aussi au sein d’Enabel. Pourquoi ce choix?
C'est une excellente question pour moi. Il y a il y a 3 piliers dans le développement:
Il y a un gouvernement fort.
Une société civile forte
Un secteur privé fort
Dans le passé, la coopération était plus active au niveau gouvernemental au niveau de la société civile, mais pas assez au niveau du secteur privé. Je crois vraiment que le secteur privé est l'avenir, comme dans tous les pays et comme ici en Europe. Le secteur privé est créateur d'emplois, créateur d'innovation, sur un continent extrêmement jeune comme le continent africain, l'entrepreneuriat est quelque chose de très important et la créativité l’est aussi. Je suis convaincu que les innovations de demain viendront du continent africain. Pourquoi ? Parce qu’il y a la jeunesse et la masse: 4 milliards d'habitants dans le futur. Mais il y a aussi un besoin de challenger le statu quo et de venir avec des nouvelles idées. Et je pense que ces idées vont rayonner au-delà du continent africain et également en Europe.
Pour nous, chez Enabel il est important de miser sur des entrepreneuses et des entrepreneurs. Mais aussi de les identifier et de les soutenir. Tant au niveau de coaching, d'expertise technique, qu’au niveau de l'accès au financement, en lien évidemment avec ce qu'on fait déjà au niveau du secteur public.
Quels sont les engagements d'Enabel pour des collaborations équilibrées et efficaces avec le continent africain?
C’est une très bonne question, on parle beaucoup de de partenariat win-win, de partenariat plutôt que de coopération, et certains partenaires africains nous challengent là-dessus. Finalement, est-ce que nous sommes vraiment dans une relation équilibrée ? C’est important, dès le départ, de partir avec la vision du pays avec lequel on travaille. Quelle est la vision des dirigeants? Quelle est la vision de la société civile? Quels sont les grands projets en cours?
Il faut véritablement s'inscrire dans ces grands projets. Un partenariat équilibré c'est un partenariat où les deux parties ont un intérêt. Dans le passé, la coopération était parfois trop orientée charité et fonctionnait surtout à travers les dons. Cette coopération était donc fondée sur les intérêts des pays donateurs et non pas des pays africains. Et il y a une erreur de raisonnement qui est parfois de croire que c’est parce que l'Europe aura un intérêt dans le partenariat que la relation déséquilibrée. A vrai dire, si l'Europe a un intérêt, elle va mettre davantage de moyens et de vision pour que ce partenariat fonctionne. A mon sens, le partenariat équilibré c'est vraiment que l'intérêt des deux parties soit clair depuis le départ et puisse être exprimé de manière authentique. Mais qu’on puisse également avoir des désaccords et l’espace pour les exprimer de manière claire. Un partenariat équilibré c’est avant tout partenariat où on se parle et on n'est pas uniquement dans la dans une relation de donation.
Enabel veut s'engager auprès des jeunes pour les impliquer dans la coopération, pourquoi les jeunes occupent-ils une place importante pour Enabel?
C’est l’enjeu du siècle! Nous vivons actuellement un moment charnière dans le monde. D’un point de vue géopolitique, nous sommes dans un basculement dans lequel nous observons que la plupart des pays européens, notamment la France, l'Allemagne, la Hollande récemment ont réduit leur budget de la coopération internationale parce que certains politiciens ne croient plus à cette coopération. En même du côté du continent africain, il y a une explosion de la jeunesse et d'autres pays dont la Turquie, le Qatar, l'Arabie saoudite investissent massivement dans le continent.
Donc pourquoi toucher les jeunes ici en Belgique? C’est parce qu’il faut leur faire comprendre l’importance de ce sujet. Cette solidarité internationale, c'est l'avenir finalement de l'Europe. Et si cet avenir de l'Europe n'est pas convaincu de la coopération internationale, ils vont répliquer ce repli sur soi qu'on constate actuellement. Donc commencer tôt avec des jeunes en leur faisant comprendre l'importance de ces solidarités, c'est en fait assurer l'avenir même de la coopération internationale et c'est extrêmement difficile à faire. J’ai moi-même des enfants adolescents et on constate un changement d'approche. Donc un événement comme ce soir nous permet de nous challenger nous-mêmes sur cette question: finalement quels sont les drivers de l'engagement des jeunes ? Qu'est ce qui les motive ? Qu'est ce qui les décourage? Ma fille me challenge beaucoup en disant que nous sommes déjà des vieux mais de de de de mieux comprendre leur angle de vue. L’enjeu est d’avoir des programmes qui répondent mieux à leurs attentes et qui sont plus pertinents, ce n’est pas une mince affaire.
Quelle est l’importance de soutenir des initiatives comme celles du prix SoliDareHub?
Voilà donc SoliDareHub c'est un événement, c'est un moment festif qui permet de mettre en lumière via la remise d'un prix des initiatives. Mais il s’inscrit dans un programme plus large qui s’appelle BeGlobal et qui court sur toute l'année. Le prix permet de mettre en lumière, mais le plus important c'est le programme dans sa durée. Et, à travers les pitchs à travers les panels et les discussions, nous allons identifier les bons messages, les bons canaux qui permettront d'avoir les programmes les plus pertinents.