Cashwater : l’innovation togolaise qui révolutionne l’accès à l’eau potable
- Je M'engage pour l'Afrique
- 28 juil.
- 3 min de lecture

Dans cette interview, Yawo Mawupé Konou, jeune entrepreneur togolais et fondateur de FORTECK.SARL, nous présente Cashwater, un dispositif prépayé intelligent alimenté à l’énergie solaire, conçu pour faciliter et sécuriser l’accès à l’eau potable en milieu rural et périurbain. Retour sur un projet né d’une expérience personnelle et porté par la volonté de rendre l’eau accessible à tous, tout en encourageant une gestion durable et équitable.
Bonjour Yawo Mawupé Konou. Pouvez-vous vous présenter ainsi que le projet Cashwater aux lecteurs du JMA MAG ?
Je m’appelle Yawo Mawupé Konou, jeune entrepreneur togolais passionné par les technologies au service du développement. Je suis le fondateur de FORTECK.SARL, la startup qui porte Cashwater, une solution innovante pour une gestion intelligente de l’eau potable. Cashwater est un dispositif électronique prépayé permettant aux utilisateurs d’accéder à l’eau 24h/24 grâce à un badge RFID/NFC, rechargeable via Mobile Money ou auprès d’un responsable local. Installé sur des bornes fontaines publiques, surtout en milieu rural et périurbain, il fonctionne à l’énergie solaire, est connecté à un système de suivi, et intègre un mécanisme de subvention pour les familles vulnérables.
Qu’est-ce qui vous a motivé à créer Cashwater ? Pouvez-vous nous raconter l’origine de ce projet ?
Cashwater est né d’une expérience personnelle. Quand j’étais étudiant à Lomé, je rentrais souvent tard et devais aller chercher de l’eau pour ma famille. Plusieurs fois, la borne fontaine était fermée car le gérant n’était pas disponible. Cette difficulté m’a donné l’idée de concevoir une solution autonome et digitale, permettant un accès à l’eau 24h/24, de façon équitable et sécurisée. C’est ainsi que j’ai imaginé un système automatisé, solaire, capable de gérer la distribution et le paiement de l’eau, sans avoir besoin de la présence permanente d’un responsable.
Le financement est souvent un défi pour ce genre de projet. Comment avez-vous financé Cashwater au début, et quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Comme beaucoup de jeunes entrepreneurs africains, j’ai démarré avec mes propres économies. J’ai aussi pu compter sur le soutien de mes proches, mais je n’ai pas bénéficié de partenaires, d’accompagnement ou de financements institutionnels au début. Les premières difficultés concernaient le coût élevé des composants électroniques, les tests sur le terrain, ainsi que la formation des utilisateurs. Mais le plus grand défi a été de convaincre les premiers usagers et de gagner la confiance des autorités. Peu à peu, grâce aux retours positifs et aux démonstrations, nous avons réussi à prouver la valeur de notre solution et à initier des partenariats.
Concrètement, Cashwater favorise une gestion transparente, traçable et équitable de l’eau.
Chaque utilisateur paie uniquement selon sa consommation grâce au badge intelligent, éliminant ainsi les intermédiaires et le favoritisme. Le système envoie des alertes sur le niveau d’eau pour éviter les coupures imprévues. Alimenté à l’énergie solaire, il respecte l’environnement. De plus, les ONG ou mécènes peuvent recharger à distance les badges des familles vulnérables, renforçant ainsi l’inclusion sociale.
Le projet Cashwater existe depuis plusieurs années. Comment a-t-il évolué depuis sa création ? Avez-vous étendu son déploiement et bénéficié de soutiens institutionnels ?
Depuis le premier prototype, nous avons ajouté plusieurs fonctionnalités, comme l’irrigation automatique des champs autour des bornes et l’intégration de capteurs de niveau d’eau. Aujourd’hui, nous proposons deux versions : une basique (hors ligne) et une version connectée en temps réel.
Nous avons des installations pilotes à Kovié (Togo) et Bangangté (Cameroun) et sommes en discussion avec plusieurs mairies et partenaires. Jusqu’à présent, aucune structure publique ne nous a accompagnés financièrement, mais être finalistes du Challenge App Afrique nous a offert une belle visibilité internationale. Notre seul financement initial vient du fonds de démarrage de la fondation Tony Elumelu, à hauteur de 2 500 $.
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes qui veulent, comme vous, apporter des solutions concrètes aux défis de leur pays ?
Je leur dirais : ne doutez jamais de la force de vos idées. Ce n’est pas la taille de vos moyens qui compte au début, mais votre résilience, votre persévérance et votre capacité à vous adapter. Commencez petit, testez, échouez, recommencez. Entourez-vous bien, cherchez des collaborations, et ayez confiance : vos solutions peuvent changer des vies. L’Afrique a besoin de sa jeunesse pour relever ses défis. C’est en agissant localement que nous construirons un changement durable.